Mindelo – Cap Vert

 

Quand Mindelo chante et danse…

 
Mindelo est considérée comme la capitale culturelle du Cap-Vert, dont elle est la deuxième ville.
Située sur l’île de São Vicente, qui fut découverte par le navigateur portugais Diogo Afonso en 1462 et tardivement peuplée par rapport au reste de l’archipel parce qu’elle offrait peu de ressources, la ville de Mindelo dispose d’une baie décrivant un demi cercle presque parfait, la baie de Porto Grande, classée parmi les plus belles du monde. Elle est surmontée par le Monte Cara – autrement dit le “mont visage” car sa forme ressemble à un visage humain vu couché et de profil.

 
Le
 
Le Monte Cara de l’autre côté de la baie
 
Même si les navires hollandais faisaient halte dans ce lieu de mouillage propice dès le XVIIe siècle, étape idéale dans une transatlantique, il fallut attendre 1838 pour que l’actuelle ville de Mindelo voie le jour et se développe : c’est à ce moment-là que la compagnie anglaise East India y installe un dépôt de charbon permettant aux vapeurs de se ravitailler. Ceci explique que la ville a des influences portugaises et britanniques et compte de beaux édifices du XIXe siècle.
 
Eglise Nossa Senhora da Luz
Eglise Nossa Senhora da Luz
 
Moins industrielle depuis l’avènement du pétrole, Mindelo est surtout célèbre aujourd’hui pour sa musique et ses musiciens. Les morceaux les plus connus (ceux interprétés par Cesaria Evora, Bana ou Tito Paris) sont des mornas, ballades langoureuses exprimant la saudade, cette nostalgie qui rapproche les peuples lusophones. Elles rappellent d’ailleurs le fado portugais ou le tango argentin. Entre autres styles musicaux, on y entend aussi le batuque et le finaçon, les rythmes les plus africains de l’archipel : des chœurs de femmes utilisant des pagnes enveloppés dans du plastique et serrés entre leurs cuisses comme percussions.

 

 

Un peu de poésie

 
Jorge Barbosa

Et puisque le Cap-Vert est avant tout un archipel, il est tout naturel que le sujet poétique de cette page soit dédié à l’océan, par le biais des vers de Jorge Barbosa, dans son “Poème de la mer” :


Le drame de la Mer,
L’intranquillité de la Mer,
toujours
toujours
en nous !

La Mer !
qui entoure,
relie nos îles,
ronge les roches de nos îles !
Laisse l’émail du salpêtre sur les faces des pêcheurs,
ronfle sur les sables de nos plages,
heurte de sa voix les montagnes,
secoue les barques de bois qui fréquentent ces côtes…

La Mer !
qui met des prières sur les lèvres,
laisse dans les yeux de ceux qui sont restés
la nostalgie résignée de pays lointains
qui nous parviennent dans les gravures des illustrations
dans les films de cinéma
et dans cet air d’autres climats qu’apportent les passagers
quand ils débarquent pour voir la pauvreté de la terre !

La Mer !
l’espérance de la lettre de loin
qui n’arrivera peut-être plus !…

La Mer !
regrets des vieux marins racontant des histoires de temps révolus,
des histoires de la baleine qui un jour renversa le canot…
de beuveries, de rixes, de femmes,
dans les ports étrangers…

La Mer !
en nous tous, dans le chant de la Morna,
dans le corps des jeunes filles brunes,
dans les hanches agiles des noires,
dans le désir du voyage qui peuple les rêves de beaucoup de gens !

Cette invitation à toute heure
que la Mer nous fait pour l’évasion !
ce désespoir de souhaiter partir
et d’avoir à rester !


 

 

La meilleure saison pour s’y rendre : mardi gras, pour le carnaval haut en couleurs qui s’y déroule chaque année ! De quoi rester nostalgique pour toujours, sur une mélodie de Cesaria Evora :