Un peu de poésie
Manuel Bandeira, né le 19 avril 1886 à Récife et mort le 13 octobre 1968 à Rio de Janeiro, dans son poème, Evocação do Recife, nous livre un témoignage beaucoup plus personnel pour nous dévoiler ce, qu’enfant, était pour lui vivre à dans cette ville.
ÉVOCATION DE RECIFE
Rio, 1925
RECIFE
Pas la Venise américaine
Ni la Mauritsstaad des armateurs pour les Indes Occidenta-
les
Ni le Recife des colporteurs
Pas même le Recife que j’ ai appris à aimer après ― Recife
des révolutions libératrices.
Mais Recife sans histoire ni littérature
Recife tout court
Recife de mon enfance
[…]
Rue de l’ Union
Qu’ ils étaient jolis les noms de rues dans mon enfance
Rue du Soleil
(J’ ai peur qu’ on la nomme aujourd’hui ―rue Monsieur Untel!)
Derrière notre maison c’ était la rue de la Saudade…
… où l’ on allait fumer en cachette
De l’ autre côté c’ était le quai de la rue Aurore…
… où l’ on allait pêcher en cachette
Capiberibe
Capibaribe
Là-bas le “Sertãosinho” du Cachanga.
Les baignards auprès des cabines de paille.
Un jour j’ai regardé une jeune fille qui se bagnait toute nue
Je me suis arrêté le coeur battant
Elle se mit à rire
Ce fut mon premier éblouissement.
La crue! Les crues! boeuf mort arbres débris remous c’ en
est fait
Et aux arcs-boutants du pont du chemin de fer les “cabo –
clos” téméraires sur les radeaux de bananiers
[…]
Recife…
Rue de l’ Union…
La Maison de mon grand-père
Je n’ ai jamais songé qu’ un jour le temps aurait raison
d ‘ eux
Tout y semblait impregné d’ éternité
Recife …
Mon grand-père mort …
Recife mort, Recife bon, Recife brésilien comme la maison
de grand-père.
Un peu d’histoire
De la canne à sucre naquit Recife…
Capitale de l’Etat du Pernambuc et surnommée la Venise du Brésil pour ses nombreux ponts, la ville de Récife est à l’origine un simple petit port de pêcheurs.
La colonie de Récife fut fondée en 1537 par les portugais. Elle naît en même temps qu’Olinda qui constitue alors la capitainerie et la capitale de la région du Pernambuc. A l’Ouest, bordée par le fleuve Capibaribe, et abritée à l’est de l’Océan Atlantique part des récifs de coraux, elle reçut le nom de Povo dos Arrecifes (Village des récifs), et plus tard celui de Récife.
Frans Post « Bairro do Recife ao longe, visto da Ilha de Santo Antônio » – Peinture XVII ème s.
Le Pernambuc, alors carrefour d’une ère sucrière, réunissait les conditions parfaite pour la culture du sucre, et ce port naturel constitua le lieu idéal pour y stocker l’or blanc avant de le transporter vers l’Europe. C’est au service de l’exploitation de canne à sucre que les portugais firent alors venir des esclaves d’Afrique. La prospérité de cette ville attira les hollandais qui s’emparèrent de la colonie en 1630 pour faire de Récife la capitale d’un Brésil hollandais nommé Nouvelle-Hollande. Ils seront expulsés par les Portugais, Brésiliens, Indiens et Noirs Africains en 1654. Elle deviendra la capitale du Pernambuc en 1837.
Recife porte les vestiges de l’occupation des colons portugais et hollandais à travers son architecture. De l’occupation portugaise elle conserve ses maisons basses et colorées et de l’influence hollandaise des bâtisses construites tout en hauteur qui rappellent en particulier Amsterdam.
Place « Marco Zero »
L’apport de la culture africaine prend une place fondamentale dans la danse et la musique brésilienne à travers le maracatu notamment, rituel brésilien pratiqué depuis le début de la colonisation dans la partie Nord-Est du pays , et hérité de l’histoire des esclaves en hommage au roi du Congo. Et le Frévo, orquestre composé d’une section de cuivres et d’une section rythmique, qui accompagne une danse véritablement acrobatique dont les virtuoses usent pour rester en équilibre, de parapluies aux couleurs de fête traditionnelles : rouge, vert, jaune, bleu et blanc (voir photo ci-dessus).
Entrez dans la danse avec ce maracatu : Nação do Maracatu Porto Rico de Recife – Baque das Ondas